Reprendre avec certaines... habitudes : signature au Salon l'Autre Livre, Paris.
J'y serai samedi, le 9 novembre 2024, pour "Nigoun avec paroles", 2023, au stand des éditions Unicité :
https://lautrelivre.fr/pages/exposants
... ET NE SE REND PAS
Reprendre avec certaines... habitudes : signature au Salon l'Autre Livre, Paris.
J'y serai samedi, le 9 novembre 2024, pour "Nigoun avec paroles", 2023, au stand des éditions Unicité :
https://lautrelivre.fr/pages/exposants
Très, très touchée de voir sur Facebok, post du 22 octobre 2024, que parmi les livres de travail de Maud Thiria se trouve aussi mon "Trajectoire déroutée, publiée en... 2015 !
Préparation d'atelier Écrire l'indicible. Autour de la perte, des violences, de la maladie et de la solitude qui nous unit.
Avec des livres qui m'accompagnent.
Aurélie Foglia
Sanda Voïca
Sylvie Brès
Thierry Metz
Cécile Roy
Véronique Sablery - ETATS DAMES
Exposition à Caen, à l'Abbaye aux Dames,
Salle Malherbe,
entre 17 octobre - 1 décembre 2024.
Conférence prévue le 12 novembre 2024, à 17 h 30
à l'Abbaye aux Dames.
Quelques photos du vernissage :
Photo par C.S. :
Photos par moi-même :
Un "8 pages" a été créé et imprimé pour cette occasion :
Le choix de deux poèmes et leur publication sur son Blog, "Littérature de partout",
par Tristan Hordé
de mon livre, "L'ère de santé".
Le premier, publié le 15 octobre 2024 :
S’auto-prier
L’index
appuyé sur mes lèvres
humides vibrantes
est sans pourquoi :
sous l’explosion de joie
il s’en-chair-e
encore plus.
Frotter le corps,
frotter la tombe
avec le même tissu
— rideau en dentelle —
jusqu’au blanc.
Une couleur
en profondeur
en hauteur
jusqu’au trou blanc :
l’harmonie a été dite.
Dimanche, le 1 mai 2022
Sanda Voïca, L’ère de santé, Atelier rue
du soleil, 2024, p. 1.
Le deuxième, publié le 16 octobre 2024 :
👀
« Élaboration des poèmes » : je lis et j’entends :
labourer — la terre des mots,
des planches irrégulières de mon potager
ou des mottes de terre :
la même chose.
Mais qui laboure encore aujourd’hui ?
Et si oui — la Terre est vaste ! —
Quelle terre ?
Que labourer autre que la terre et les propos ?
Gros sillon
l’autre jour
que ma joie
voire la jouissance
a infligé/induit au monde
— à l’intermondes — !
Sillon large, charnel,
chair jaune et lumineuse,
palpitante,
plaie rendue d’un plaisir reçu.
Sillon où glisser,
avancer ou pas.
Marcher
dans mon extase.
(sans date)
Sanda Voïca, L’ère de santé,
Atelier rue du soleil, 2024, p. 35.
Les autres publications me concernant
sur le même site :
http://litteraturedepartout.hautetfort.com/apps/search/?s=sanda+vo%C3%AFca
Quand je ne m'attendais plus à de nouvelles lectures de mon livre, en voilà une,
de la part de Tristan Hordé,
qui me dit, encore une fois, devant mon étonnement, voire joie :
"je n'écris que sur les livres que j'aime".
Grande reconnaissance.
Plané, volé, chanté, dansé toute la journée...
Jamais à l'abri de très bonnes nouvelles.
https://www.sitaudis.fr/Parutions/sanda-voica-l-ere-de-sante-1729056203.php
Bis repetita :
Et en word :
Beaucoup de poèmes aujourd’hui ont pour contenu les faits de la vie de l’auteur / l’auteure, les petits ou grands désagréments, les petits ou grands plaisirs, parfois aussi les changements du ciel, des arbres, de la ville. Cette écriture du contenu des jours suppose que le lecteur sera comme devant un miroir — ce que je vis tu le reconnaîtras comme tien. Rien de moins sûr. Les trente-cinq poèmes de Sanda Voïca, en vers non comptés et non rimés, quelques-uns en strophes, explorent un peu ce qui n’est généralement pas dit, des sentiments et des gestes intimes. Ils sont numérotés et une date suit le dernier vers, l’essentiel écrit en mai 2022, quelques-uns en juin (l’un écrit les 5 et 7 juin), le dernier sans date. La concentration sur une période relativement brève explique l’unité de l’ensemble, mais aussi la récurrence des thèmes.
Pour l’individu, le désir est toujours présent, toujours renaissant et gouverne la manière de vivre parce qu’il est en accord avec « le monde en marche ». Il est à l’origine de la métamorphose constitutive de la personne, au point que le patronyme lui-même change, et Voïca devient « VoYca : Voÿca ». L’auteure se donne explicitement présente dans le "je", forgeant un adjectif à partir de son nom (« pensées (…) voïciennes »). Avec le masque mis à mal du "je", elle est constamment en recherche d’elle-même, avec son corps et avec les mots. Le premier poème rapporte une scène de masturbation, mais le geste qui la provoque est immédiatement associé à la mort de quelqu’un, « Frotte le corps / frotte la tombe », et ce lien, répété, semble acquis dans le dernier vers : « l’harmonie a été dite ». Le motif est repris en lien avec la nature ; c’est l’image de l’épanouissement des nuages, qui fleurissent, celle de l’étendue des nuances colorées, et enfin la disparition des limites du corps devenu « sans contours » dans la jouissance. Jouissance universelle, et la connaît aussi celui qui, dans les traditions religieuses, est supposé créateur de tout, Dieu, qui « rempli de testicules (…) jouit en (comme) une femme ».
Les dessins de l’auteure et ceux de maîtres sont regardés pour ce qu’ils ont d’apaisant, ils rassurent comme espaces qui excluent d’autres regards, comme sont rassurantes les activités qui comblent les jours. Elle éprouve un sentiment analogue devant les icônes, l’église étant un lieu à part, hors lieu comme dans la maison les combles, habituellement non habitables. Il y a une balance constante entre ce qui connote la vie — le corps jouissant, le nombre 1, la terre — et ce qui évoque la mort ou le retrait — la tombe, l’icône, le zéro. Cependant, le côté de la vie l’emporte avec les équivalences corps/terre et langue/terre (« la terre des mots »). Corps et esprit ne font qu’un (« mon cerveau-ventre »), c’est pourquoi écriture et dessin participent à la jouissance, le "je" entier vivant dans toute activité « l’extase qui fait bouger l’univers », littéralement (ex-tasis) ce qui fait sortir de soi et s’exprime alors ce qui était ignoré auparavant.
Pour Sanda Voïca, les mots et le monde sont équivalents ; sans les mots le monde n’existerait pas, ils ne permettent pas seulement les échanges, ils donnent vie à la personne (« Je nais de ces mots »), disent la présence comme ils disent la fin (« les mots diront la nuit »). Sans doute y a-t-il souvent dans ces poèmes les traces d’une douleur que seule la joie de l’amour peut laisser au second plan ; l’amour et les mots qui le disent sont toujours une approbation de ce qui est, ils forment pour Sanda Voïca l’espace même de la vie, effaçant tout ce qui l’encombre. Il y a quelque chose de revigorant dans cette manière de Journal où l’amour est maître des mots, donc des jours.
Atelier rue du soleil, 2024
40 p.
12 €
Autres textes autour de moi sur Sitaudis :
https://www.sitaudis.fr/recherche.php?rech=sanda+vo%C3%AFca
La lecture d'Angèle Paoli de mon livre,
L'ère de santé, Atelier rue du soleil, 2023
publiée le 19 février 2024
sur "Terres de femmes" :
Angèle Paoli sur « L’ère de santé »
Note de lecture publiée le 19 février 2024 sur « Terres de femmes »
" Des nuances de couleurs filtrent ... "
Selfy by Sanda Voïca
La mélodie de Voïca
Lire Sanda Voïca, c’est, à chaque nouveau recueil, s’immerger dans une langue poétique autre. À la fois familière et déroutante. De cette ambivalence naît le plaisir de la découverte et de la lecture. Ainsi de L’ère de santé, récemment reçu. Publié à l’Atelier rue du soleil, ce recueil est une sorte de journal tenu au quotidien. Avec un poème par jour sur une durée d’un mois et demi. Chaque poème, numéroté, est daté avec précision : « Dimanche, le 1er mai 2022 »/« Vendredi, le 10 juin 2022 ». Seul le poème 35, qui clôt le recueil est suivi d’un « (sans date) ». Et la lectrice de s’interroger ou d’interroger la poète amie : pourquoi cet arrêt brutal, sur un « (sans date) » ? Ce jour-là était-il un lundi 2 ? Ou un autre jour ? Que s’est-il passé au lendemain du 1er mai pour que ce jour se distingue ou s’ablative ainsi des autres ?
Je dis « s’ablative » pour deux raisons. Lesquelles me sont soufflées par la lecture du recueil. D’abord parce qu’il y a une séparation entre ce poème unique en son genre (non daté) ; et parce que la question de « l’ablatif », cas emprunté à la langue latine, intéresse la poète. Sauf que la forme verbale telle que je l’ai employée n’est pas attestée dans le dictionnaire et que je l’ai inventée. Cela pourrait me fournir un troisième motif dans la mesure où Sanda Voïca, qui possède un art très personnel de la jonglerie verbale, affectionne les néologismes. En témoignent les inventions qui égrènent ses poèmes. « les trous noirs rhizoment/ Je m’empoissonne/ « des pensées…voïciennes »/« cathédraliser ». Ou encore « batifollement !» … Voici donc l’adverbe-valise – batifoler-follement- qui est tout naturellement amené par sa proximité phonétique avec les adjectifs « oblatif » et « ablatif ». Ainsi Sanda Voica batifole-t-elle joyeusement dans la langue et ce papillonnement enjoué fait de butinerie inventive s’inscrit tout à fait dans l’époque qu’elle traverse en ce mois de mai : « une ère de santé ». Or, comme s’en questionne la poète :
« Et quel rapport entre oblatif et ablatif ? »
Apparemment aucun.
À une voyelle près en effet on bascule d’un terme à connotation quasi religieuse à un autre appartenant à la déclinaison latine. Le passage d’un terme à l’autre se fait ici par les allitérations en « b », en « t », en « l », en « f » et s’affirme dans une désinence riche « blatif » qui les réunit. D’un côté l’oblatif - « mon amour oblatif » - qui porte en lui le mouvement du don, voire du sacrifice ; de l’autre le « a » privatif qui marque la séparation d’avec. En réalité, ce poème dix-sept, est une forme d’autoportrait de la poète en fantaisie et joie, qui définit ces deux termes comme des « activateurs d’extase ». Des vecteurs, en tout cas, susceptibles de replacer la poète dans une « ère de santé ». Dans une volonté non seulement de se pacifier elle-même mais aussi de remettre le plaisir au centre de sa vie. Comme cela était auparavant :
« Mes batifolages divers :
nombreux et joyeux sont les chemins
de mon existence. »
Cela était. Avant la perte de sa fille Clara.
D’où l’injonction présente qui clôt le poème :
« Batifoler follement :
Vivre batifollement ! »
Mais cet engouement printanier reste fragile. Consciente de cette fugacité, la poète s’accroche à ce qu’elle a un temps aimé : dessins, couleurs, peintures. Et même « icônes » :
« Je sens le même désir
-attirance inexplicable-
de retourner vers des icônes :
dans des églises différentes-
non pas pour leur beauté,
ni pour leur sainteté,
ou peut-être beauté et sainteté
ne font qu’un… »
Cette fragilité se traduit par les interrogations et les exclamations qui occupent ses poèmes. En même temps que par l’instabilité qui s’y révèle. Tout semble en effet soumis au balancement, à l’équilibre instable qui expose la poète au tremblement, aux oscillations, aux troubles qui la traversent. À l’impossibilité de se déterminer et de choisir :
Mais peut-être aussi, en définitive, au renouveau.
« Entre deux infinis
Mon esprit balance.
Usé le zéro.
Usé le un.
Mon air tout neuf. »
Ailleurs, la poète s’affirme en insurgée de la vie. Qui ne se soumet pas aisément à l’ordre naturel des choses. Elle s’échappe et invente. C’est une magicienne d’images inédites, jusqu’à l’incongru, un peu sorcière de mots :
« Je m’empoissonne de plus en plus ».
Les dessins, les mots, les « révolutions intimes », les mutations et les métamorphoses « gélatineuses », ses tours et ses « détours » sont autant de subterfuges pour anéantir le vide qui guette ; l’obliger à reculer. Place aux ébullitions, au fantasque, à la jouissance, aux émois bouillonnants. Et pourquoi pas aux « extases » ? Elle se fait « collectionneuse » insatiable … « de regards renversés… de surprises guettées … de pensées jamais les miennes / et tellement voïciennes… (de silences, longtemps, /de mots, ensuite, /de leur balancement, maintenant). Sanda Voïca la jongleuse, l’inventive de rythmes et d’images, pleine de vie bouillonnante. Mais rien n’est jamais acquis, ni définitif. Très vite la poète se reprend, se corrige, se tance. Elle n’est pas dupe et voit bien que tout cela lui fait un habit qui lui colle à la peau. Qu’y a-t-il sous la superposition de vêtements et sous l’armure protectrice dont elle s’affuble ? Non, Sanda Voïca n’est pas dupe : de cet être caméléon qui pratique le camouflage à la perfection, elle voit tous les assemblages. Elle n’en est pas moins tremblante et instable. Mais toujours lucide. Les paradoxes qui la mènent sont toujours là, derrière les apparences. Des nuances de couleurs filtrent qui viennent contrebalancer les illusionnismes. Une lecture en « creux » s’impose qui laisse filtrer ce qui agite intérieurement la poète. La lectrice est prise à témoin, qui ne doit pas se laisser prendre :
« Sur la plaine infinie de la joie
/ nonchalance/lucidité
je penche légèrement vers ma droite
sous un vent intérieur :
l’essentiel arrivé et si vote parti
qu’il ne me reste plus
que quelques mots creux
vous venez de les lire. »
Et cet aveu d’elle-même, corollaire des vers précédents, sur lequel se ferme le poème :
« L’extrême de mon essence
à jamais caché
à jamais montré :
ici et là.
Partout. »
Reste sa relation à l’autre, retrouvée, semble-t-il, avec le mystérieux « Y » de « La vie en mauve » :
« Le Y me tente –
que dis-je : je vis
dans son vertige
et je le chante »
Ainsi « La mélodie de Voÿca » réenchante-t-elle le monde, ouvrant de nouveaux espaces dans « la terre des mots » :
« Sillons où glisser,
avancer ou pas.
Marcher dans mon extase. »